0. Résumé

Écrit par Bret Barrowman, spécialiste principal en recherche et évaluation, preuves et pratiques d’apprentissage à l’International Republican Institute

 

Une élaboration de programmes efficace en matière de démocratie, de droits humains et de gouvernance exige que les professionnels évaluent avec précision les causes sous-jacentes des désordres de l’information et qu’ils évaluent l’efficacité des interventions pour les traiter. La recherche sert ces objectifs à plusieurs stades du cycle du programme DDG : analyse du problème et du contexte, ciblage, conception et développement du contenu, suivi, adaptation et évaluation. 

Objectifs de la recherche 

L’application de la recherche dans le cycle du programme DDG soutient les programmes en remplissant les objectifs scientifiques de description, d’explication et de prédiction. La description identifie les caractéristiques des sujets de recherche et les modèles ou relations générales. L’explication identifie les relations de cause à effet. La prédiction prévoit ce qui pourrait arriver à l’avenir. 

Recherche pour l’analyse de contexte et la conception

Les programmes DDG efficaces pour lutter contre la désinformation nécessitent l’identification d’un problème spécifique ou d’un ensemble de problèmes dans l’environnement informationnel dans un contexte particulier. Les méthodes clés comprennent l’analyse du paysage, l’analyse des parties prenantes, l’analyse de l’économie politique et l’utilisation d’enquêtes ou d’entretiens pour identifier des bénéficiaires potentiels ou des thèmes particulièrement saillants dans un contexte spécifique. 

Exemples de questions de recherche générales :

  • Quels sont les principaux moteurs de la désinformation dans ce contexte ?
  • Quelles sont les incitations pour que les acteurs clés perpétuent ou atténuent la désinformation dans ce contexte ?
  • Par quel média la désinformation est-elle susceptible d’avoir le plus d’impact dans ce contexte ?
  • Quelles preuves suggèrent que nos activités proposées atténueront le problème ?
  • Quels groupes sont les principales cibles ou consommateurs de désinformation dans ce contexte ? 
  • Quels problèmes clés ou clivages sociaux sont les plus susceptibles de faire l’objet de désinformation dans ce contexte ?

Recherche en matière de mise en œuvre

Il existe plusieurs approches de recherche et de mesure à la disposition des professionnels pour surveiller les activités liées à l’information et à la désinformation, à la fois pour les fonctions de responsabilisation des programmes et pour l’adaptation aux conditions changeantes. Les méthodes clés incluent les mesures d’audience des médias numériques et analogiques, la mesure des connaissances, des attitudes ou des croyances avec des sondages ou des groupes de discussion, les mesures d’engagement des médias, l’analyse de réseau et les tests A/B. Les questions de recherche clés sont les suivantes :

  • Combien de personnes participent aux activités du programme ou aux interventions ?
  • Quels groupes démographiques, comportementaux ou géographiques participent aux activités du programme ? L’intervention atteint-elle ses bénéficiaires visés ? 
  • Comment les participants, les bénéficiaires ou le public réagissent-ils aux activités ou au matériel du programme ? Comment ces réactions diffèrent-elles entre les sous-groupes, et en particulier les groupes marginalisés ?
  • Un mode ou un message est-il plus efficace qu’un autre pour amener le public à s’intéresser à l’information et/ou à la partager avec d’autres ? Comment l’assimilation et le partage de l’information diffèrent-ils entre les sous-groupes ? Quels sont les obstacles à l’adoption de l’information ou du programme parmi les groupes marginalisés ?
  • Quel cadrage du contenu est le plus susceptible de réduire la consommation de désinformation ou d’augmenter la consommation d’informations fiables ? Par exemple, un message de vérification des faits est-il plus susceptible d’amener les consommateurs à mettre à jour leurs croyances dans le sens de la vérité, ou provoque-t-il un repli dans la croyance en la désinformation originale ? Cet effet varie-t-il d’un sous-groupe à l’autre ?

Recherche en matière d’évaluation

L’évaluation du programme et de l’impact du programme DDG peut identifier et décrire les résultats clés, évaluer ou améliorer la qualité de la mise en œuvre du programme, identifier les leçons qui pourraient améliorer la mise en œuvre de programmes similaires ou attribuer des changements dans les résultats clés à une intervention du programme. Les principales méthodes comprennent les évaluations randomisées et les évaluations quasi-expérimentales ou non-expérimentales, y compris les conceptions pré/post, les doubles différences, l’appariement statistique, les études de cas comparatives, le traçage de processus et l’analyse de régression. Les questions de recherche clés sont les suivantes :

  • Y a-t-il des résultats observables associés au programme ? 
  • Une activité ou un programme suscite-t-il un résultat d’intérêt ? Par exemple, un programme d’éducation aux médias a-t-il augmenté la capacité des participants à faire la distinction entre les vraies nouvelles et les fausses nouvelles ? Un programme provoque-t-il des résultats inattendus ?
  • Quelle est l’ampleur de l’effet (c’est-à-dire l’impact) d’une activité sur un résultat d’intérêt ? 
  • Quelle est la direction de l’effet d’une activité sur un résultat d’intérêt ? Par exemple, un programme de vérification des faits a-t-il réduit la confiance dans les reportages de fausses nouvelles ou a-t-il entraîné une acceptation accrue de ces reportages par réaction négative ?

Recommandations

  • Les questions de recherche spécifiques devraient guider la sélection des modèles de recherche et des méthodes de collecte de données. S’en tenir à une conception ou une méthode de collecte de données spécifique limitera les questions auxquelles le chercheur est en mesure de répondre.
  • Utiliser un modèle d’essai pilote pour les activités ou le contenu du programme. En utilisant une ou plusieurs de ces approches de recherche et des interventions sur de petits groupes de répondants, utiliser des données pilotes pour affiner les approches prometteuses avant de les déployer auprès d’un plus grand nombre de bénéficiaires. 
  • Protéger les renseignements permettant d’identifier une personne (PII pour leurs initiales en anglais). Toutes les méthodes de collecte de données décrites dans cette section peuvent recueillir des informations sur les caractéristiques, les attitudes, les croyances et la volonté de s’engager dans l’action politique. Quelle que soit la méthode, les chercheurs doivent faire tout leur possible pour obtenir un consentement éclairé pour participer à la recherche et doivent prendre soin de sécuriser et d’anonymiser les données à caractère personnelles.
  • Envisager des partenariats avec des organismes de recherche, des laboratoires universitaires ou des chercheurs universitaires individuels, qui peuvent avoir un avantage comparatif dans la conception et la mise en œuvre de conceptions de recherche complexes, et qui peuvent être intéressés à étudier les effets des programmes de lutte contre la désinformation.
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