5. Établir de meilleurs partenariats

La désinformation peut se manifester de manière complexe et peut nécessiter un éventail d’acteurs pour y remédier. Les groupes d’observateurs qui manquent de temps, de ressources ou de compétences pour lancer leurs propres efforts de surveillance des réseaux sociaux peuvent également collaborer, de manière formelle ou informelle, avec des groupes de surveillance des médias, des universitaires, des défenseurs de la technologie, des associations de journalistes, des organisations de défense des droits des femmes, des organisations qui sont composées et représentent des groupes marginalisés, des organisations de prévention des conflits ou d’autres acteurs qui examinent déjà les problèmes de désinformation. De tels partenariats peuvent garantir que les observateurs électoraux tiennent dûment compte de la qualité de l’espace des informations électorale dans leur analyse électorale globale, sans avoir à procéder eux-mêmes à une collecte directe de données.

Les observateurs peuvent également envisager des partenariats avec des groupes de surveillance non traditionnels, tels que des vérificateurs de faits et d’autres organismes de recherche ayant une expérience des réseaux sociaux et de la surveillance en ligne au sens large. Un rapport rédigé conjointement par l’Open Society European Policy Institute et Democracy Reporting International montre comment des groupes allant de projets universitaires (par exemple, le Computational Propaganda Project de l’Oxford Internet Institute et le Digital Democracy Room de la fondation brésilienne Getúlio Vargas), de groupes de réflexion (par exemple, le Digital Forensic Research Lab de l’Atlantic Council), d’organisations de vérification des faits (par exemple, debunk.eu) et du secteur privé (par exemple, Bakamo.Social) ont tous contribué à la surveillance des élections sous diverses formes.11 La collaboration multipartite constitue une base potentielle pour le développement de l’observation et du suivi des élections de nouvelle génération, permettant aux observateurs électoraux d’incorporer les résultats des partenaires crédibles dans les évaluations électorales plutôt que de reproduire leur travail, augmentant ainsi l’effet de levier potentiel pour la promotion en matière de normes et de standards. Cette approche peut s’avérer particulièrement utile pour les observateurs électoraux internationaux, qui sont par définition des outsiders et qui effectuent des analyses sur une période relativement courte.  

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Les groupes peuvent également s'appuyer sur des partenariats pour organiser des tables rondes multipartites sur la lutte contre la désinformation, ou pour élargir l'ordre du jour des forums préexistants de partage d'informations sur les élections afin de discuter également de la manière dont les partis, les médias, les organes de gestion des élections (OGE), les observateurs et autres peuvent s'entraider pour diffuser l'information au grand public et créer une responsabilité pour le maintien de l'intégrité de l'information.

Les relations avec des organes d’administration des élections crédibles sont particulièrement importantes à la fois pour attaquer la désinformation par l’éducation des électeurs et pour encourager les organes d’administration des élections à améliorer leurs capacités à réagir rapidement à la désinformation électorale. Par exemple, le NDI a co-organisé un événement avec la commission électorale du Mexique (INE) qui s’est concentré sur la réponse aux menaces de désinformation lors des élections du 1er juillet 2018 au Mexique. Cela permis de réunir un mélange diversifié d’acteurs électoraux, y compris des représentants des principales plateformes technologiques, des universitaires, des observateurs électoraux et d’autres militants civiques en plus des administrateurs électoraux. Pour faciliter la collaboration entre les acteurs électoraux, le NDI a organisé des ateliers et des réunions de coordination régulières entre des groupes de technologies civiques, des vérificateurs de faits et des groupes d’observateurs électoraux citoyens pour collaborer à la lutte contre la désinformation électorale. Cette approche a été particulièrement utile pour fusionner l’expertise en technologie civique du Mexique avec l’analyse de type électoral que les groupes d’observateurs pouvaient quant à eux fournir. 

Suivant un modèle similaire, la Taiwan Foundation for Democracy (TFD), dans le cadre du mécanisme Global Cooperation and Training Framework (GCTF), a organisé une conférence en septembre 2019 intitulée « Defending Democracy Through Promoting Media Literacy II (Défendre la démocratie par la promotion de l’éducation aux médias) ». 12 Son objectif était d’examiner les différentes manières dont la désinformation influence les élections dans le monde, la mise en œuvre de l’éducation aux médias dans les programmes scolaires, la manière dont les initiatives du gouvernement et de la société civile ont évolué pour lutter contre la désinformation et les défis auxquels elles sont confrontées. La conférence a reconnu le fait que Taïwan et d’autres pays de la région Asie-Pacifique étaient confrontés à des élections présidentielles et générales en 2020.  

Le NDI s’est associé au TFD pour l’événement GCTF et a identifié une opportunité de combiner la conférence avec un événement de formation plus pratique pour les groupes civiques de toute la région. À la suite du GCTF, le NDI a organisé et dirigé un atelier d’une journée « Défendre l’intégrité électorale contre la désinformation », auquel ont participé 13 participants de la société civile financés par le NDI, représentant principalement des groupes d’observateurs électoraux citoyens et des organisations de vérification des faits dans les pays asiatiques où des élections sont prévues, ainsi que des invités du mouvement de technologies civiques taïwanais. Sur la base des informations présentées lors du GCTF, l’atelier a exploré plus en profondeur la surveillance des réseaux sociaux. L’atelier a partagé des stratégies et des outils pour évaluer les environnements d’information, naviguer sur les plateformes de réseaux sociaux, collecter et analyser les données des réseaux sociaux, développer des approches pour lutter contres le discours antidémocratiques et responsabiliser diverses parties prenantes. Cet atelier a offert à des groupes d’observateurs citoyens et à des vérificateurs des faits d’un même pays l’occasion de travailler ensemble sur des approches de soutien mutuel, de plaidoyer et de coordination à l’approche de leurs élections respectives. 

Des efforts connexes ont été conçus pour mieux établir un consensus parmi un univers plus large d’acteurs pour les observateurs internationaux. Par exemple, le Centre Carter a développé un partenariat avec l’organisation journalistique citoyenne Hacks Hackers pour mener une série d’ateliers au sein des groupes d’observateurs électoraux internationaux, d’autres professionnels de l’assistance électorale, des réseaux internationaux de vérification des faits, des universitaires et des technologues afin de renforcer les interventions et les meilleures pratiques de vérification des élections face à la fausse information et à la désinformation sur les réseaux sociaux. 

Footnotes

12. Ministère des affaires étrangères de la République de Chine (Taiwan), Ministère des affaires étrangères de la République de Chine, 2020, www.mofa.gov.tw/cp.aspx?n=198C820F108A89FB.